Je sors dans la nuit. Il y a beaucoup de vent ce soir, un vent du nord qui a commencé à souffler en fin d'après-midi. Le lune est voilée. Pourtant sa clarté donne un peu de relief à l'obscurité et rend visibles les bandes blanches qui s'éloignent au milieu de la route. Il y a aussi deux réverbères, qui tiennent lieu de fanaux. Je marche jusqu'au pont. Seul le bruit de l'eau indique qu'il enjambe la Gourdouze qui, à cet endroit, prend des allures de torrent. Je devine les pierres grises et lisses en contrebas.
Je marche au milieu de la route, en suivant les bandes sur le bitume. Le bruit de l'eau a disparu, couvert par celui du vent dans les sapins et les châtaigniers. Sous les arbres, la nuit s'intensifie encore. Ça pourrait faire peur. Pourtant je me sens apaisé. C'est comme un repos. Les arbres m'accueillent, m'ouvrent leur bras. Romantisme bon marché. Non. Sensation d'appartenance. Lien, et fragilité de ce lien. Dans mon dos, je sens la masse énorme des rochers de Trenze. Je me retourne pour essayer de les voir. Il sont là, surmontés de quelques étoiles.
(Août 2012, Vialas)